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Voitures enfumées : un espace hautement toxique

Trop souvent sous-estimée, la pollution tabagique au sein de l’habitacle des véhicules automobiles des fumeurs est réelle et élevée. Les microparticules contenues dans la fumée se déposent sur les sièges, moquettes, tissus et tapis de sol et y restent des années.

L’accumulation de ces microparticules engendre une pollution extrêmement nocive.
Ouvrir les fenêtres n’y change rien. Plusieurs études démontrent désormais avec certitude les conséquences de la consommation de tabac dans l’habitacle d’une voiture.

Des chercheurs de l’université de San Francisco ont ainsi demandé à 14 participants non-fumeurs de s’installer sur le siège arrière d’un véhicule pendant une heure. Le conducteur a fumé 3 cigarettes à 20 minutes d’intervalle. Toutes les fenêtres de la voiture étaient baissées de 10 centimètres. Les chercheurs ont effectué des tests d’urine sur ces 14 participants. Ils ont ainsi constaté chez eux un taux plus élevé de toxines cancérigènes et de produits chimiques après la réalisation du test.

Une autre étude britannique a étudié la pollution tabagique sur 83 trajets en voiture, d’une durée moyenne de 27 minutes, dont 34 trajets non-fumeurs. Pour les trajets fumeurs, le taux de particules fines (PM2,5) s’est élevé en moyenne à 85 microgrammes (µg)/m3, soit 10 fois plus que celui relevé dans les trajets non-fumeurs (soit 7,4 µg/m3 en moyenne). Directement liés à la quantité de cigarettes fumées, les taux de particules fines ont culminé à 385 µg/m3 en moyenne, avec un record mesuré à 880 µg/m3 dans les trajets fumeurs, précisent les auteurs de l’étude. Le fait d’ouvrir les fenêtres, de ventiler ou d’actionner la climatisation ne permet pas de descendre sous le seuil de pollution recommandé par l’Organisation mondiale de la santé. Pour rappel, le seuil moyen de concentration de particules fines sur 24 heures est de 25 µg/m3 maximum pour la qualité de l’air intérieur.

Ces importants taux de particules fines dans l’air sont un facteur de risques, notamment pour les maladies cardiovasculaires, respiratoires ou encore de cancer notamment du poumon. Parce qu’il respire plus vite, l’enfant est particulièrement sensible à l’exposition au tabagisme passif, tout particulièrement dans un habitacle pollué depuis plusieurs années comme la voiture : problèmes respiratoires, système immunitaire plus faible, otite, asthme…

Selon une étude publiée par la revue Nicotine & Tobaco Research en novembre dernier, les parents qui fument en présence de leurs enfants ont tendance à penser que la fumée ne les atteint pas. Or, non seulement le tabagisme diminue les capacités sensorielles et olfactives des fumeurs, mais 85% de la fumée est invisible et inodore. Ouvrir la fenêtre de la voiture ou fumer dans une zone de la pièce loin des enfants ne peut constituer une protection.
Comme le souligne une étude :
« Beaucoup de parents pensent qu’ils prennent des mesures adéquates pour protéger leurs enfants mais nous avons constaté qu’ils ne sont même pas conscients de leur exposition au tabac. Le problème réside dans la perception. Quand ils ne sentent pas ou ne perçoivent pas de fumée, ils sont rassurés, alors que leurs sens sont particulièrement altérés par le tabac ».

La France, dans le cadre du Programme National de Réduction du Tabagisme (PNRT), a décidé d’assurer la protection des mineurs en interdisant de fumer dans un véhicule en leur présence. Notre pays devient ainsi pionnier en intégrant la liste encore embryonnaire des pays ayant légiféré pour la protection des enfants : Australie, Bahreïn, Canada (certaines provinces), Chypre, Ile Maurice, Afrique du Sud, Emirats Arabes Unis, Grande Bretagne, Jersey. La Flandre, en Belgique, étudie également l’interdiction de fumer en voiture.

En outre, Fumer au volant est également interdit puisque la cigarette dans la main empêche une bonne conduite, conformément à l’article R 412-6 du Code de la route qui interdit tout ce qui gêne cela.
Dans les faits, la verbalisation de la cigarette au volant est à l’appréciation des forces de l’ordre. La cigarette au volant, est chaque année, responsable de nombreux accidents de la route mais aussi d’incendie sur les bords de route.

Et si la voiture sans tabac devenait la norme et permettait de sauver des vies ?

Lettre bimensuelle du premier mai 2018

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